Nous pouvons tous constater en temps réel que la planète se réchauffe, les conditions météorologiques extrêmes faisant désormais partie du cycle quotidien de l'information. C'est dans ce contexte d'urgence que s'inscrit la COP30, le sommet des Nations unies sur le climat qui s'est tenu à Belém, au Brésil.

Ce sommet était annoncé comme historique, la première grande conférence sur le climat à se tenir en Amazonie, le poumon même de la Terre. Ses organisateurs ont promis qu'il s'agirait de la "COP du peuple", d'un tournant vers une véritable justice climatique. Mais pour beaucoup d'observateurs, de militants et même de délégués, la réalité est bien moins enthousiasmante.

Scène verte, empreintes brunes

La première ironie réside dans l'événement lui-même. Pour accueillir la COP30, Belém, une ville tropicale située à la lisière de la forêt amazonienne, s'est lancée dans une refonte de ses infrastructures, avec la construction de nouveaux hôtels, d'autoroutes et d'aéroports modernisés. Sur le papier, cela ressemble à un progrès. Dans la pratique, les écologistes s'alarment du fait que l'expansion des routes et les projets de construction menacent déjà les zones protégées de la forêt tropicale.

Le déboisement à proximité des sites de développement spécifiques à la COP est en contradiction avec la mission déclarée du sommet, qui est de protéger l'Amazonie. Pendant ce temps, des milliers de délégués et de journalistes viendront en avion des quatre coins du monde, générant une énorme empreinte carbone.

Cette contradiction équivaut à un sommet sur le climat qui émet lui-même autant de carbone qu'une petite nation ! Dans le cœur symbolique de l'Amazonie, tout cela semble particulièrement absurde.

Le prix de la participation

Malgré toute sa rhétorique sur l'inclusivité, la COP30 risque d'exclure les voix qu'elle a le plus besoin d'entendre. Les prix des hôtels et des locations à Belém auraient augmenté de 500 %. Les petites délégations qui représentent les populations les plus menacées par les catastrophes environnementales en ont été exclues.

Résultat ? Un sommet de riches et de personnes bien informées. Précisément ceux qui sont le moins touchés par les inondations, les sécheresses et les incendies qui ravagent régulièrement les pays pauvres. Une conférence sur le climat à laquelle les pays en développement n'ont pas les moyens de participer est certainement une contradiction morale.

Si le processus doit avoir un sens, il doit certainement incarner l'équité, non seulement dans ses résultats mais aussi dans son accès. Au lieu de cela, la COP30 risque de devenir une chambre d'écho des privilèges, avec des lobbyistes d'entreprises et des délégations gouvernementales qui occuperont l'espace laissé vacant par ceux qui n'ont tout simplement pas les moyens de payer.

Des décennies de discours sans grand résultat

Trente conférences plus tard, le problème n'est pas simplement logistique, il est structurel. Depuis la première COP à Berlin en 1995, les émissions mondiales ont continué à augmenter presque chaque année. L'accord de Paris de 2015 promettait une nouvelle ère de responsabilité, mais aujourd'hui encore, la plupart des pays ne parviennent pas à atteindre leurs propres objectifs nationaux, et encore moins à adhérer à tout ce qui a été convenu lors de ces somptueux forums de discussion de la COP.

Selon les Nations unies, le monde est en passe de connaître un réchauffement compris entre 2,7 °C et 3 °C au cours de ce siècle. Cela signifie que l'objectif de 1,5 °C fixé à Paris est bel et bien mort et enterré. Quels sont donc les résultats obtenus ?

Encore une fois, quels seront les résultats de la COP30 ? Très probablement, une autre série de communiqués bien formulés, une autre série d'"engagements" volontaires sans aucune application ni crédibilité.

La capture des entreprises au lieu de la capture du carbone

Derrière le langage poli de la diplomatie se cache une autre vérité gênante. Il s'agit de l'influence croissante du lobby des combustibles fossiles dans le processus climatique. L'an dernier, lors de la réunion de la COP à Dubaï, un nombre record de délégués du secteur du pétrole et du gaz a été enregistré.

Le Brésil lui-même, bien que riche en potentiel renouvelable, est en train d'accroître sa production pétrolière offshore. Le pays hôte se trouve donc dans une double contrainte morale, en prônant le leadership climatique tout en poursuivant l'expansion des énergies fossiles. Des contradictions similaires abondent.

En d'autres termes, l'optique est corrosive. L'optique est corrosive. Un cas de "faites ce que nous disons, pas ce que nous faisons". Plus les COP sont infiltrées par des intérêts particuliers, moins elles sont crédibles.

Un symbolisme fatigué

Belém a été choisie comme ville hôte pour son puissant symbolisme : la porte d'entrée de l'Amazonie. Mais ce symbole est devenu un bouclier pour l'inaction. Les communautés locales et les dirigeants autochtones se sont plaints de ne pas avoir été consultés de manière significative lors de la planification ou de l'établissement de l'ordre du jour du sommet.

Même les projets d'infrastructure présentés comme ayant des "retombées positives" pour la région ont suscité la controverse. Un projet d'extension d'autoroute près de la ville traverserait un corridor de conservation, menaçant la faune et les écosystèmes riches en carbone.

Pour les critiques, la toile de fond amazonienne n'était rien de plus qu'une scène scénique. Une somptueuse séance de photos pour les dirigeants du monde entier, plutôt qu'un véritable lieu d'autonomisation pour les personnes qui la protègent au quotidien.

De la poudre aux yeux

Le résultat de la COP30 a été truffé de phrases familières : "engagements renouvelés", "ambition renforcée", "voies accélérées". Ces expressions semblent impressionnantes mais se traduisent généralement par de vagues promesses avec peu d'avantages tangibles.

Le scénario le plus optimiste, selon les analystes politiques, est que la COP30 pourrait obtenir des progrès mineurs sur le "Fonds des pertes et dommages", qui est un mécanisme financier conçu pour compenser les nations vulnérables. Mais même ce mécanisme se heurte à la résistance des pays les plus riches, qui ne sont pas disposés à engager des sommes importantes.

Si ce dernier sommet ne débouche que sur un langage mou, des délais reportés et des promesses inapplicables, il confirmera ce que beaucoup d'entre nous soupçonnent déjà : le processus de la COP n'a jamais été autre chose qu'un rituel de répétition. Une sorte de séance annuelle de thérapie de groupe pour les gouvernements qui ne veulent ou ne peuvent pas changer.

Des échecs moraux flagrants

En fin de compte, ce qui fait de la COP30 une farce, ce n'est pas seulement l'hypocrisie ou l'inefficacité, c'est l'érosion du sérieux moral.

Les données scientifiques sont sans équivoque et les technologies nécessaires à la décarbonisation existent déjà. Ce qui manque, c'est le courage politique, la volonté d'affronter des intérêts bien établis, de supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles, de repenser les économies en fonction de la durabilité plutôt que de l'extraction continue de ressources limitées.

Pourtant, au lieu de l'urgence, nous avons droit à des platitudes. Au lieu de leadership, nous avons droit à de la logistique. Pendant ce temps, la planète brûle, est inondée et meurt de faim, tandis que les dirigeants font la queue pour prendre des selfies lors de sommets qui ressemblent plus à des conventions de luxe qu'à des réunions d'urgence.

Au-delà de la théâtralité

Il est facile de saluer ces conférences de la COP comme le théâtre d'une diplomatie nécessaire, lente mais cumulative. Et oui, les COP ont parfois permis de réaliser des progrès progressifs. L'accord de Paris lui-même est né de l'une d'entre elles. Mais après trente itérations, alors que le tic-tac de l'horloge du carbone est plus fort que jamais, l'incrémentalisme ressemble davantage à des excuses.

Pour que les COP aient un sens, les délégations doivent rompre le cycle des politiques symboliques. Cela signifie moins de communiqués de presse et plus d'application ; moins de sponsors pour les combustibles fossiles et plus d'engagements contraignants. Cela signifie surtout qu'il faut reconnaître que la situation critique du monde naturel est réelle. Le compte à rebours s'effectue en temps réel, tandis que les grands et les petits mangent du saumon fumé et regardent tous les jolis petits singes dont l'existence réelle est gravement affectée par leur inaction collective.

Une farce que le monde peut difficilement se permettre

Qualifier la COP30 de farce n'est pas du cynisme, c'est du réalisme. Un rassemblement qui exclut les personnes vulnérables, pollue la planète, se laisse influencer par les entreprises et ne produit rien d'exécutoire ne peut certainement pas être pris au sérieux.

L'Amazonie, avec sa canopée d'un vert profond et sa beauté fragile, méritait un moment de véritable rédemption, un sommet à la hauteur de son environnement. Au lieu de cela, elle est devenue le théâtre de vaines déclarations de vertu et d'autres déclarations d'intention inutiles.